Si les pays sans légendes sont, dit-on, condamnés à mourir de froid, la Franche Comté ne risque pas de subir semblable mésaventure. Il existe peu de provinces françaises où foisonnent tant de contes fantastiques, tant de récits, qui rendent accessibles au plus grand nombre de l'imaginaire et du merveilleux. Ces légendes trouvent pour la plupart leur origine dans des faits historiques locaux et doivent leur pérennité à la tradition orale. Avant l'ère de la télévision, isolés pendant des semaines par le froid et la neige dans des hameaux perdus du Haut Pays, des plaines saônoises ou du bocage brumeux de la Bresse jurasienne, les Francs-Comtois se réunissaient souvent lors des veillées dont on a peine à imaginer aujourd'hui la convivialité. Il se trouvait toujours parmi l'assistance un grand-père moustachu rescapé des guerres, ou une vieille femme ratatinée comme une pomme blette, pour prendre la parole et charmer un auditoire prompt à s'émouvoir, à se passionner pour des récits venus de la nuit des temps. Ces veillées ont suscité bien des vocations d'écrivains. Le plus prestigieux d'entre eux fut Marcel Aymé qui n'aurait jamais écrit " La Vouivre ", " les Contes du Chat Perché ", " le Passe Muraille " et tant d'autres œuvres fantastiques s'il n'avait entendu, durant son enfance, les histoires fabuleuses que les anciens racontaient l'hiver au coin de l'âtre. Ce long voyage imaginaire auquel André Besson convie les lecteurs emprunte les ailes de la légende et restitue un peu de la féerie, de l'enchantement qui bercèrent ses jeunes années. Le merveilleux n'est-il pas un besoin universel et ne sera-t-il pas éternellement nécessaire au bonheur des hommes ?